Suzanne Grévin vit le jour le 22 juin 1920 à Englefontaine, un coin de bocage où la terre n’était pas seulement labourée, mais aussi modelée. Fille de Charles François Grévin (1878–1928) et d’Angèle Cousin (1882–1947), elle grandit dans cette France rurale qui forge les caractères à coups de bon sens et de travail bien fait.
Bobineuse de métier, travaillant dans des fermes, Suzanne était également un cordon-bleu. Elle cultivait son potager avec la même précision qu’elle préparait ses plats. Femme de campagne dans l’âme, elle enfourcha son vélo jusqu’à ses 60 ans, allant cueillir champignons, mûres et pissenlits, et cultiva son jardin avec une patience jusqu’à ses 70 ans. Cette liberté simple mais précieuse, celle du panier et du tablier, était son trésor — un trésor que ni le temps ni la modernité n’ont jamais pu lui voler.
Les repas de famille étaient son domaine : là, ses tartes étaient une institution, qu’elle préparait dans des portes-tourtières et confiait ensuite au boulanger pour la cuisson — c’était du sérieux.
Le 18 octobre 1941, elle épousa Fernand Delmotte, un homme qu’elle allait épouser deux fois — preuve qu’elle croyait aux secondes chances, malgré un premier divorce en 1958. Avec lui, elle eut trois filles : Jeannine (1942), Nicole (1944) et Nadine (1947), les piliers d’une vie de mère, tissée d’amour et de confitures maison. Elle épousa Augustin Lefort (1920–1973), avant de renouer avec son premier mari : revoilà les mêmes, se retrouvant le 29 mars 1980, jusqu’à ce que la mort les sépare enfin, définitivement.
Elle connut la joie de voir naître sept petits-enfants, mais aussi la douleur immense de perdre de perdre deux de ses filles : Nicole, en 1977, à l’âge de 33 ans, et Nadine, en 1998, à 51 ans.
Suzanne s’éteignit le 27 juillet 2005 à Valenciennes, à 85 ans.