
Maurice Dindin naquit à Wignehies, le 11 janvier 1927, dans ce territoire prospère du Nord, marqué par ses nombreuses filatures. Là, les hommes et les femmes forgeaient leur destin dans le bruit des métiers à tisser. Mais Maurice, lui, n’était pas du genre à faire du bruit. Il était plutôt de ceux qu’on entendait… rarement. C’était un homme calme, presque taiseux. Un homme pour qui parler était une affaire sérieuse, une affaire à ne pas prendre à la légère. Ce n'était pas un homme de mots inutiles, c'était un homme de moments précieux.
Très jeune encore, il fut appelé à servir la France, et ce fut à Constantine, loin de sa terre, qu’il vécut l’expérience du service militaire. Dix-huit mois. Dix-huit mois d’apprentissage de l’éloignement, de l’ordre, et de la patience.
Le 2 juillet 1949, il épousa Colette Mairesse. De cette union naquirent deux filles, Dominique et Marie-Paule, puis trois petites-filles, et cinq arrière-petits-enfants. Il n’en connut que deux, mais tous l’appelèrent Bon-papa. Un nom affectueux, qui semblait porter en lui la chaleur discrète de l’homme qu’il était.
Maurice débuta sa vie professionnelle à la filature Flament, au cœur même du monde ouvrier. Le jour, il travaillait ; le soir, il étudiait, suivant les cours du soir avec une rigueur tranquille. Ce fut ainsi qu’il devint contremaître.
Plus tard, avec Colette, ils ouvrirent une supérette, un Dock du Nord, à Vieux-Reng, dans le bassin de la Sambre. Durant cinq ans, ils y vécurent une autre forme d’engagement : celui du service, de la proximité. Mais voyant venir les grandes surfaces, ils préférèrent se retirer, dignes et lucides.
Ils revinrent à Wignehies, et tous deux travaillèrent dans la filature Boussus. Là, Maurice retrouva son rôle de contremaître, estimé et respecté de ses ouvriers. Il était de ceux qu'on respecte sans qu'ils aient besoin de crier.
Il prit sa retraite un peu avant ses soixante ans — en 1982 ou 1983 — et s’éteignit à Fourmies, le 16 mars 2000.