
Bernard Fauchart vit le jour le 11 février 1938 à Montcornet et passa son enfance à Renneval, petit village typique de l’Aisne, où il montra vite qu’il n’était pas qu’un enfant ordinaire : élève appliqué, esprit vif, et un talent certain pour déclamer Le Corbeau et le Renard avec un tel panache que même les vaches du pré voisin semblaient suspendues à ses lèvres.
Repéré par son instituteur – un homme éclairé, il fut encouragé à rejoindre le lycée de Laon. Il y tenta sa chance pour le bac, deux fois, avec courage mais sans succès. L’internat, les week-ends sans retour, et les trajets à vélo qui avaient des airs d’Odyssée n’ont sans doute pas aidé. Mais l’essentiel est ailleurs : il avait appris, et bien plus encore, il avait persévéré.
Mais avant cela, il y eut l’exil. En 1940, accompagné de sa sœur Mireille, de leur mère Jeannette et de leur grand-mère, le jeune Bernard prend la route de l’exode. Charrette, cheval, quelques affaires rassemblées à la hâte, et direction la Mayenne. L’accueil fut… disons, contrasté. On raconte que Mireille, encore fillette, se faisait caillasser sur le chemin de l’école par un petit garçon. Ironie du sort : elle allait l’épouser. Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux premières pierres.
Bernard avait une tendresse toute particulière pour les bêtes. Il élevait des pigeons qu’il dressait comme d’autres lisent des romans d’aventure. Ses chiens, eux, n’étaient pas en reste : attelés à un petit chariot, ils transportaient quatre bidons de lait avec un sérieux de facteur.
Tout le monde le voyait déjà en instituteur – peut-être parce qu’il récitait les fables comme un comédien né –, mais Bernard, fidèle à sa propre voie, préféra les rails de la SNCF aux bancs de l’école. Peut-être trouvait-il dans le sifflement des trains une autre forme de poésie.
Il est décédé en 1995, à seulement 57 ans. Trop tôt pour ceux qui l’aimaient, mais assez longtemps pour laisser une empreinte pleine de tendresse.