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L’écomusée de l’Avesnois
L’écomusée de l’Avesnois est un Musée de France situé au cœur de deux anciens sites industriels emblématiques du territoire de l’Avesnois-Thiérache : l’ancienne filature Prouvost-Masurel à Fourmies et l’ancienne verrerie Parant à Trélon. Au sein de ce patrimoine architectural remarquable, les collections valorisent le patrimoine industriel et ethnologique du XIXe siècle à nos jours. Écomusée du XXIe siècle, c’est aussi un lieu de réflexion sur les enjeux de société et un centre de production et de transmission des savoir-faire.
Le musée du textile et de la vie sociale - Fourmies
Le Musée du Textile et de la Vie Sociale à Fourmies s’est établi au cœur même de l’ancienne usine de filage de la ville.
Son histoire prend racine en 1863 avec la fondation de la première usine textile par «Michelet, Bailly, Wiart & Cie». En 1910, cette enceinte industrielle est acquise par les Etablissements François Masurel Frères, figures industrielles de Roubaix. Les années 1920 marquent une ère d’expansion et de modernisation pour la filature. Des améliorations dans la production d’énergie sont mises en place, tandis qu’un nouveau bâtiment de filature à deux étages voit le jour.
La filature se forge une spécialité dans la création de « belles qualités », des fils fins qui trouvent leur place dans la haute couture et qui sont garants de la prospérité de l’entreprise. Dans les années 1950, une nouvelle ère débute avec l’introduction des fibres synthétiques et artificielles dans le processus de fabrication. Les années 1960 marquent une nouvelle phase de transformation pour l’usine, avec une reconfiguration totale des ateliers. La filature est transférée dans le bâtiment réalisé dans les années 1920, tandis que la préparation à la filature trouve sa place dans l’édifice le plus ancien. L’entreprise Masurel joue également un rôle crucial dans l’évolution du tissage mécanique. Pionnière dans l’adoption des métiers à tisser Jacquard, elle ouvre la voie à une production plus rapide et à une diversité grandiose de motifs sur les tissus.
Pendant des décennies, l’usine Masurel de Fourmies est un pilier de l’économie régionale. Des centaines d’ouvriers y contribuent, fournissant du travail et un revenu essentiel pour de nombreuses familles.
Cependant, au fil du temps, l’industrie textile subit un déclin progressif. Les changements économiques et la compétition mondiale impactent l’usine Masurel, qui doit faire face à des difficultés financières. En 1977, les portes du site ferment, marquant la conclusion d’une ère industrielle et laissant derrière elle des souvenirs et des témoignages indispensables pour appréhender l’histoire sociale de la région.
De nos jours, le Musée du Textile et de la Vie Sociale occupe les bâtiments historiques de l’ancienne usine. Il offre aux visiteurs l’opportunité d’explorer la vie quotidienne des ouvriers, ainsi que les moments forts et les technologies qui ont marqué l’industrie textile de la région.
L'atelier-musée du verre - Trélon
L’Atelier-Musée du Verre de Trélon est logé au sein de l’ancienne usine verrière, une enceinte chargée d’histoire.
En 1824, grâce à une ordonnance royale, le négociant Rigobert Pailla, en collaboration avec le régisseur en verrerie Herman Eugène Collignon, reçoit l’autorisation de fonder une verrerie à Trélon. Le fruit de cette autorisation se concrétise le 28 juillet 1824 lorsque l’investisseur Herman Eugène Collignon inaugure l’usine, initialement vouée à la production de verre destiné aux vitres et aux bouteilles. Dotée d’un four à pots fonctionnant au charbon, ses débuts sont épineux avant qu’elle ne se spécialise finalement dans la création de verrerie noire. L’essor de la consommation de champagne, particulièrement durant le Second Empire, propulse l’entreprise vers la prospérité.
La dénomination évolue en Clavon-Collignon en 1866, moment où l’usine s’étend et se modernise en accueillant de nouveaux fours tels que le four Siemens et le four Boëtius. Cette phase de modernisation s’accompagne de l’introduction de nouvelles sources énergétiques, notamment la machine à vapeur, le gazogène et l’électricité. La qualité exceptionnelle de ses créations est consacrée par l’obtention d’une médaille d’argent à l’exposition universelle de 1878, pour une remarquable champenoise peinte et émaillée.
Cependant, l’occupation allemande entraîne un ralentissement de la production, certains édifices étant réquisitionnés pour servir de prison ou d’écuries. Bien que préservée après la Première Guerre mondiale, l’usine connaît un regain d’activité de courte durée, n’ayant pas pu moderniser ses équipements en raison de l’absence de dommages de guerre, contrairement à certains concurrents. Malheureusement, la fabrication cesse en 1921.
Quatre années plus tard, la verrerie est acquise par Georges Parant, un maître-verrier formé à la prestigieuse verrerie de Quiquengrogne. Sous sa direction, elle prend une nouvelle orientation en se consacrant à la production de verrerie blanche destinée à la parfumerie et aux cosmétiques, collaborant avec des marques prestigieuses telles que Chanel, Guerlain et Lancôme. Pour réaliser cette transformation, un four Stein est installé, il introduit la production semi-automatique et le fuel remplace le charbon. En 1936, la verrerie emploie 155 travailleurs, et l’intégration de machines semi-automatiques renforce l’efficacité de la production. L’usine ferme ses portes le 15 mai 1940, après que G. Parant ait été mobilisé dans l’armée de l’air en 1939, puis ait rejoint la résistance en juin 1944. Elle ne reprend son activité qu’en 1945.
Malheureusement, suite au décès tragique de Georges Parant, les installations vieillissantes luttent pour s’adapter, notamment face à l’émergence de la plasturgie. Cette lutte s’achève en 1977 avec la fermeture de l’usine.
De nos jours, la vaste halle de production de l’ancienne usine, conservant ses infrastructures historiques, abrite l’Atelier-Musée du Verre.
Des collections diversifiées
Les collections de l’écomusée de l’Avesnois se caractérisent par une grande variété d’objets liés à l’histoire industrielle et sociale du territoire. Elles se sont développées au fil des années par le biais de collectes, de dons, et d’achats.
Le parc des machines
Les prémices de nos collections remontent à l’initiative de Pierre Camusat, qui en 1979, entreprit de préserver les précieuses machines d’apprentissage du Groupement Interprofessionnel de Formation Permanente.
Les trésors constitutifs de ce qui allait devenir l’écomusée de Fourmies-Trélon furent progressivement enrichis au fil du temps, grâce aux dons généreux de particuliers et d’entreprises, ainsi qu’à des achats. À titre d’exemple, l’année 1996 marque le lancement d’une importante campagne d’acquisition, soutenue par le Fonds Régional d’Acquisition des Musées (FRAM) Nord-Pas-de-Calais. Cette initiative a permis de rassembler un ensemble remarquable de machines textiles, principalement originaires de Roubaix et des Ardennes.
De nos jours, l’écomusée de l’Avesnois possède une collection technique considérable, dépassant la quantité remarquable de 6000 pièces et comprenant près d’une centaine de machines datant des années 1910 jusqu’aux années 1980. Une partie de cette collection, visible dans l’exposition permanente, retrace les diverses étapes de la fabrication industrielle du fil au tissu.




La rue reconstituée
L’écomusée de l’Avesnois se consacre à la préservation et à la mise en valeur d’une multitude d’objets du quotidien, couvrant la période allant de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle.
L’origine de cette collection remonte à une initiative culturelle portée par le centre socioculturel de Fourmies en collaboration avec dix écoles de la région. Cette entreprise a permis le rassemblement d’une variété impressionnante d’artefacts : cartes postales, photographies, cahiers, vieux journaux, ustensiles domestiques, et bien plus encore. A la même époque, le directeur de l’écomusée, Marc Goujard, a apporté une contribution considérable en rassemblant une abondance de documents provenant des archives nationales, régionales et communales. Ces documents retracent avec précision l’évolution économique et sociale du territoire, abordant des aspects allant des conditions de travail aux loisirs, en passant par les dynamiques sociales et familiales.
La richesse de cette collection s’est amplifiée au fil des années grâce à la générosité des particuliers, à des campagnes de collecte systématiques, ainsi qu’à des initiatives de sauvetage patrimonial.




La salle des flacons
L’écomusée de l’Avesnois abrite une collection de flacons d’une ampleur significative, issue de la production renommée de la verrerie Parant, totalisant plus de 46 000 objets inventoriés. L’étoffe de cette collection s’est progressivement tissée grâce à des contributions généreuses et des acquisitions avisées. À titre d’exemple, mentionnons la collection de M. Boucly, comprenant pas moins de 235 pièces de verrerie et de bousillés élaborés dans l’Avesnois aux XIXe et XXe siècles. En parallèle, la collection de M. Missana propose une sélection de 92 objets, principalement des outils et équipements liés à la verrerie, comprenant des moules ainsi que quelques créations verrières remarquables. Sans oublier la collection Dubois, intégrée en 2013, qui brille avec une somme imposante de 1177 éléments d’outillage et de production provenant de diverses verreries de l’Avesnois.
Ces apports variés ont étoffé la richesse de notre patrimoine, créant une toile foisonnante d’artefacts qui témoignent de l’histoire et de l’artisanat verrier de la région.


